Je ne savais pas du tout, si un jour j'allais me laisser tenter par cette romancière islandaise. Audur Ava Olafsdottir a fait pas mal parler d'elle grâce à Rosa
Candida. Je note toujours les auteurs islandais, car j'ai eu la chance d'y séjourner, rares sont les traductions et comment dire là bas tout le monde est un peu romancier, car l'Islande est
la terre des contes et des histoires en tout genre, il sufffit de plonger dans les sagas pour découvrir la tradition millénaire de l'art de conter une histoire.
Et L'embellie n'échappe pas à cette tradition. ce roman est le tout premier écrit par l'auteure. Et je l'ai particulièrement apprécié pour avoir retrouver cette
terre et la vie insulaire de cette narratrice, sur une île qu'elle décrit avec une langueur douce et tranquille. Comme dans toute histoire contée, elle part d'une certaine réalité, qu'elle
s'amuse à déformer avec beaucoup de fantaisie, un conte moderne.
Là ou elle décrit la vie d'une trentenaire qui se cherche encore, elle n'est pas heureuse en ménage, entre son mari et son amant, et sa vie professionnelle ne semble
pas être un point d'ancrage fort hop là voila prise dans les revers de la vie en plein mois de Novembre, ses deux hommes décidant de la planter sans préavis.
Or, cette charmante narratrice, dont nous ignorons totalement le prénom et la fille de qui elle est, me surprend par son sens de la légereté et sa fantaisie,
elle semble dégager une certaine platitude dans ses rapports affectifs, car elle cache ce torrent d'émotion, qu'elle ne sait exprimer. Aussi préfère-t-elle organiser un repas
d'adieux en tête à tête avec son ex-mari pour célébrer son divorce, plutôt que de s'enfoncer dans une lutte conflictuelle pour savoir qui va garder l'appartement ou le canapé, et je vous
cache un peu le menu du repas, car là aussi il tient de l'originalité et le roman n'en manque pas.
Car l'essentiel est ailleurs, et cela elle le sent bien, tout ne colle pas toujours dans la vie, faut-il pour cela larmoyer sur son sort? Et bien non, là est sa
philosophie,en plein mois de Novembre sur cette île ou le jour ne dure que quelques heures, elle décide de prendre la route, l'unique route circulaire qui fait le tour d'Islande pour gagner un
endroit isolé ou elle à fait installer un chalet en bois gagné à la loterie ...
Ah l'histoire est décousue certes, mais elle s'affranchit notre narratrice du superflu, elle s'affranchit du quotidien qui ternit la vie pour n'en garder que
l'essentiel, ce qui fait plaisir, les bonnes choses comme les bon petits plats cuisinés, qui pullulent dans cette histoire. Elle échappe à une certaine réalité mais pas aux
éléments naturels, la pluie, le vent, le froid les conditions climatiques qui la rattrappent sans cesse car cette île si magnifique soit-elle devient un cauchemard de contraintes dès que
les éléments se déchaînent et là, c'est magnifiquement raconté dans ce roman. Mais n'est ce pas pareil dans la vraie vie?
Pour embellir cette échappée, elle embarque un petit complice, Tumi, le fils de sa meilleure amie, Tumi est différent et elle va contribuer à agrémenter sa
vie. Bien sur, en chemin, les hommes, amoureux, amants sont au rendez vous, rencontres fortuites, improbables, impossible vous l'aurez compris sa vie affective n'est pas simple. Mais
qu'importe, l'amour chez Audur Ava Olafdottir c'est un peu comme les recettes de cuisine, qui figurent à la fin du livre, il faut les bons ingrédients et le tour du main reste le secret de la
réussite.
Autant le dire, je suis tombée sous le charme de cette auteure, dont j'ai aimé l'écriture imagée, me rappellant des lectures précédentes comme celle de Siri Husvedt
Un été sans les hommes, ou plus récemment La Havanne Année Zéro de Karla Suarez, que je n'ai pas pris le temps d'évoquer.
J'aime leur approche, très féminine, et non féministe, leur manière d'évoquer la relation homme- femme tout en lui laissant sa part de mystère et
d'équivoque. Chacune portant un regard lucide et sachant le raconter avec légereté.
Ce roman m'a rappelé cette route que j'ai emprunté à plusieurs reprises, pour gagner des endroits reclus de l'île et c'est toute une expédition que de
la prendre cette route, vu qu'il n'y a pas de route sur l'île pour traverser les champs de lave et qu'elle peur disparaitre sous les eaux du jour au lendemain, nul doute qu'elle aurait plu
à cher Kerouac.
Chez Audur Ava Olafdottir, le mélange entre réalité et conte est des plus inattendu, en tout cas j'aime la voix de cette raconteuse d'histoires, et nul doute qu'elle
a des talents pour raconter l'Islande car elle sait détailler les saveurs de son île, essayez le saumon ou tout autre poisson fumé au petit déjeuner le matin c'est excellent!
Un endroit magnifique Landsmannalauga au Sud de l'Islande, cratères et champs de lave!